Ça y est. J’y suis. Après trois ans de réflexion, mûrissement, préparation, doutes, défis, excitation, aménagements, elle est là. Cette maison. Ma maison.
Et il est là. Ce terrain, dont je suis la gardienne. Il en a connu des secousses, des heurts, des coups de pelle, des prises de tête, des temps de fête. Il s'est transformé, ce terrain. Entre forêt vierge et prairie tranquille à l’origine, il est devenu l'espace des possibles, la zone des challenges, le lieu de la construction. Aux premières loges pour voir la vie se créer, les ancrages se densifier, les perspectives se former. Les arbres, la terre, l'herbe, aux premières loges pour observer ma transformation, pour être les témoins de mes évolutions. Bâtir son chez soi.
« Construire, c'est se construire » (Mona Chollet)
Un chantier à l'image de la vie. Des creux, des chutes, des buttes, des espérances, des changements, du remodelage, du vide pour faire émerger le plein, du Rien pour se connecter au Tout. « Pour habiter, il faut du temps ».
À l'image de la vie. Se reconstruire après les effondrements, bâtir son territoire, définir ses frontières, clarifier ses limites. Après avoir remué ses profondeurs, cette maison est sortie de terre et s’est progressivement étoffée pour faire face aux vents, à la pluie, aux coups de soleil. Du physique au psychique, il n'y a qu'un pas. Miroir de l'intérieur par l'extérieur.
L’odyssée de la (re)construction. Les sables mouvants de l’évolution. L’aventure d’une gestation.
« Dans un monde à l'horizon bouché, la maison desserre l'étau. Elle permet de respirer, de se laisser exister, d'explorer ses désirs. »
Les possibles sont ouverts. Cette maison m’offre de nouveaux espaces pour contribuer à l’évolution du monde, à commencer par la mienne. Elle abrite le creuset de ce qui me fait vibrer. Apprendre à coopérer entre humains, au sein des organisations et avec les différentes espèces qui nous entourent. Dans ce nouvel espace, entourée de nature et de mes animaux partenaires, je vais continuer à œuvrer pour le respect du Vivant, que ce soit à l'intérieur de moi ou à l'extérieur.
Gratitude pour la force qui m’a tenue debout pendant cette épopée à de multiples niveaux.
Gratitude pour le mouvement qui m’a apporté de la souplesse sans me faire vaciller.
Gratitude pour toutes ces zones d'ombre qui m'ont aidée à voir la lumière et à garder ouverte la porte pour la retrouver.
Gratitude immense pour tous les humains qui ont contribué à la solidité, la beauté et la puissance de cette habitation, avec toute la symbolique qu'elle comporte.
Je clôture ces quelques lignes avec les mots de Mona Chollet issus de son livre Chez soi, qui résonne avec puissance et douceur en moi aujourd'hui :
« Nos rêves de maison portent l'affirmation, envers et contre tout, d'une confiance en l'avenir ; ils affirment toujours la possibilité d'une refondation du monde. »
J'y vais. J'y suis. Avec confiance.